SASHAHWAN - ain't it hard keeping it so hardcore ?

AIN'T IT HARD KEEPING IT SO HARDCORE?
sasha & hwan
Elle chante, Sasha. C’est ce qu’elle sait fait de mieux, à part être belle et désirable évidemment. Elle se tient fière sur cette petite scène de cinquante centimètres de haut, baignant dans une douche de lumière chaude, tenant son micro à une main, balayant son audience de ses yeux verts perçants et entourés de noir. Le bar est un bar de style européen, très old school, comme s’il était resté bloqué dans les années 50. Elle se sent parfaitement à son aise dans sa robe vintage, entourée de décors lui rappelant les grandes fêtes organisées dans Gatsby le Magnifique. Elle semble briller de mille feux, à la fois grâce aux lumières mais aussi de bonheur. Tenant de sa main libre sa robe, elle la fait onduler légèrement tandis que le pianiste donne les premiers accords.

Il est tard, tout le monde a terminé de dîner et le public se tient sur la piste de danse ainsi qu’au bar. Tous l’écoutent. Ceux qui n’y prêtent pas attention se sont isolés au bout de la salle. Son regard cherche quelque chose sur quoi s’accrocher, ou quelqu’un. C’est un petit rituel qu’elle fait avant chacune de ses chansons. Ca la rend plus sûre d’elle. Pourtant, elle sait de quoi elle est capable mais ça ne l’empêche pas d’être nerveuse. Elle veut être parfaite, même si la perfection n’existe pas. Mais derrière son regard bordé d’assurance, il y a quelque chose de malheureux, de perdu. Lorsque ses lèvres pourpres s’entrouvrent, c’est une voix douce mais puissante qui s’en échappe.

« Tell me something, girl… are you happy in this modern world… »

Son regard a capté celui bien plus sombre d’un homme qui la fixe. Les yeux doux mais le regard ennuyé, il a l’air du type qui n’a rien à faire dans un bar aussi chic — chic étant un grand mot mais lui a l’air d’un gamin de la rue — et qui est en train de se demander à quel moment il pourra partir. Alors non, elle décide que c’est lui et qu’elle le fera rester. Au moins jusqu’à la fin de la chanson.
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Ce n'est pas le genre d'endroit qu'il apprécie fréquenter ; cette impression de ne pas avoir sa place dans ce milieu, c'est tout ce qu'il faut à Hwan pour se sentir mal à l'aise en mettant les pieds dans ce club. La clientèle n'est pas forcément sa favorite, parfois un peu trop chic pour lui... Cette attitude de dédain que certains ont lorsqu'il marche à travers les rangées pour trouver une place à tendance à l'agacer au plus haut point. Hwan a pourtant fait un effort vestimentaire en lâchant son sweat à capuche et son jean à trou, histoire de passer la sécu sans problème. Il s'étonne un instant à se plaindre intérieurement d'avoir l'air pauvre dans ce milieu, puis, balayant l'idée d'un revers de main, l'esprit se tourne à nouveau vers les affaires. Même si le cadre est agréable visuellement parlant, le garçon n'est pas là pour siroter naturellement son Americano qu'il a pris au bar quelques instant auparavant. Il s'assoit, s'adosse au dossier et patiente.

Malheureusement, son seul défaut est d'être toujours un peu en avance. Les quelques notes de musiques attirent son attention vers la chanteuse - européenne apparemment. Il détourne les yeux un court instant pour fusiller du regard un gars venu "emprunter la chaise" à côté de lui, car il attends bel et bien quelqu'un. Son coude se pose sur la table, lui permettant de reposer son menton dans sa paume tandis que ses yeux se posent sur la jeune femme sur scène; tapotant du bout des doigts le bois de la table impatient de voir le temps passer plus vite, Su Hwan fini par croiser les yeux de cette chanteuse, sans pouvoir détourner le regard. Tiens, je connais cette chanson... murmure t-il en réalisant qu'il a entendu cette chanson des milliers de fois à la radio. Heureusement, le rendu est différent en vrai et n'a rien à voir avec la version originale. Par moment, il se surprend même à chantonner du bout des lèvres les paroles du refrain. Lorsque la chanson se termine, sa main libre attrape son verre qu'il lève légèrement à l'attention de la jeune femme. Même si les applaudissement le rendent quelque peu sourd, il ne se laisse pas embarquer par cet engouement et prend enfin une gorgée de son cocktail bien mérité.

Alors qu'elle entreprend une nouvelle chanson, il peut apercevoir du coin de l’œil que son client s'est assit à côté de lui. Comme ils ne sont là que pour affaire, les échanges sont brefs. Quelques politesses, à peine un échange de regard, un échange rapide de poignée de main sous la table et le tour est joué. Ce n'est que lorsque la chanson termine que Hwan réalise qu'un petit raclement de gorge le rappelle à la raison et l'invite "poliment" à partir. Ça va, y'a pas le feu. Dit-il en soupirant. Il quitte des yeux la jeune femme pour se relever, verre à la main et s'avance vers le bar pour terminer tranquillement son mélange afin de pouvoir quitter ce bar sereinement.

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Durant tout le long de la chanson, Sasha ne quitte pas ce garçon des yeux. Elle le voit même murmurer la chanson du bout des lèvres. Le temps semble s’arrêter, comme si Sasha chantait éternellement. Elle le voit même la saluer discrètement et un sourire point au coin de ses lèvres. Mais au bout de trois minutes, le silence revient durant quelques moments. L’instant est brisé. Bien que les applaudissements la fassent vibrer, c’est bien le salut de ce garçon qui lui importe et uniquement le sien. Elle ne sait pas trop pourquoi elle se sent si fière d’avoir accroché son regard tout le long de la chanson, comme s’il était si important alors qu’ils ne se connaissent même pas. C’est un étranger et brièvement, alors que la seconde chanson commence, elle se dit que cette situation a tout d’un scénario de film, à la différence près que lorsqu’elle descendra de scène pour aller le trouver, il sera certainement déjà parti et le film s’arrêtera là. Elle en est sûre et se permet même de le perdre de vue durant la deuxième et dernière chanson mais il reste là, dans un coin de sa tête.

Pourtant, lorsque la chanson se termine, il est toujours là, assis au même endroit. Alors elle n’hésite plus. Elle descend de la scène sous les applaudissements, même pas vacillante perchée sur ses hauts talons, et s’attèle à se frayer un chemin jusqu’à lui parmi la foule afin de retrouver son inconnu. Elle sent l’adrénaline parcourir ses veines alors que ses pas la portent à travers le bar car la scène est trop belle pour être vraie, elle est même mieux que dans un film. « Mais où il est… » Elle marmonne toute seule, comme si une caméra invisible la suivait. Mais son esprit est tout entier concentré sur cet homme.

C’est alors qu’elle le voit, là-bas, accoudé au bar, sirotant sereinement son verre. Sasha, jusqu’alors débordant de confiance en elle, se plante comme un piquet à quelques mètres de lui. Heureusement, il a le dos tourné et ne la voit pas hésiter. Comment l’aborder ? Être franche, jouer la fille timide, faire semblant de ne pas l’avoir remarqué et de le retrouver par hasard ? A cet instant précis, aucune de ces options ne semble convenir. Sasha est tétanisé. Seulement quand un autre homme l’interpelle d’un « Bravo, vous avez une sacré voix » dans un anglais plus ou moins approximatif, elle se reprend enfin. La jeune femme le remercie d’un signe de la tête puis clôt enfin l’espace qui la séparait du garçon dans la foule. Elle le contourne pour qu’il la voit arriver et lui adresse un sourire en coin qui fait pétiller ses yeux verts. « Salut. Tu prends un dernier verre avec moi ? »

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sasha & hwan
Depuis que la jeune femme a quitté la scène, un brouhaha ambiant règne dans la salle, agaçant le jeune nord-coréen debout devant le comptoir. Du bout des doigts, il fait tourner son verre, réfléchissant à la suite de son programme. On ne l'a pas contacté depuis pour faire une nouvelle livraison, c'est donc quartier libre. C'est peut-être l'occasion de se reposer, suite à toutes ces insomnies ? Il soupire discrètement, peu convaincu par l'idée de rentrer dans son appartement vide et lugubre. Une dernière fois, Su Hwan lève son verre pour le finir d'une traite. Lorsque le contenant touche le comptoir, il marque une pause pour tourner la tête vers la silhouette qui est apparu dans son champs de vision. Au début, il fronce les sourcils car il ne voit pas très bien à cause du mec assis sur le tabouret à côté de lui, puis très vite, voilà qu'il reconnait la chanteuse et petit à petit, ses doigts se détendent.

Gardant le silence dans un premier temps, il profite du fait qu'elle se soit rapprochée pour la dévisager le temps de quelques secondes. Salut. Dit-il simplement sans lui rendre sourire. Il tourne la tête vers son voisin qui regarde également cette occidentale, probablement sous le charme Sans lui demande son avis, il l'attrape par l'épaule pour l'inciter à dégager du tabouret afin que la jeune femme puisse s’asseoir. Un peu sonné, le client manque de tomber puis, hésitant à faire un scandale, il attrape son verre pour se poser plus loin. Il était facile pour Hwan d'imposer sa volonté à des gens lambda, surtout avec son attitude et accoutrement typique du voyou qu'il était. Tel le "gentleman" qu'il était, il désigna le siège à côté de lui pour inviter la chanteuse à prendre place, acceptant ainsi la proposition de manière silencieuse. De son autre main, il repousse son verre vide. Qu'est-ce que tu prends ? Pas de formalité pour lui lorsqu'il est question de s'exprimé. Sa désinvolture habituelle l'invite à parler naturellement - après tout, c'est elle qui est venue le chercher. Il se garde de lui faire des éloges sur son coréen, chose typique de ses confrères bridés. A vrai dire, il ne sait pas trop quoi dire, car il ne s'imaginer pas rester plus de 5 minutes. D'ailleurs, il laisse transparaître cette mine désarmé face à la tournure de la situation. Il n'est pas en mauvaise compagnie, mais c'est le genre d'imprévu capable de le rendre un peu nerveux. Doit-il la complimenter pour sa chanson ? C'est ce qu'il devrait faire ? Finalement, c'est une toute autre question qui franchi ses lèvres. Que viens faire une fille blanche comme toi dans un bar piano perdu au fin fond de Séoul ?

A une époque, Sasha était la première à se moquer des filles qui tombaient sous le charme du stéréotype du bad boy qui veut quand même plaire à la fille, allant jusqu’à être l’exemple même du petit con avec les autres pour la séduire. A une époque, elle aurait levé les yeux au ciel de dédain en voyant ses amies s’extasier sur ce genre de gars. A une époque, elle aurait juré ne jamais faire de même. Ce soir-là, au milieu d’une foule dense dans un bar perdu au milieu de Séoul, elle s’assoit sur ses convictions d’un temps révolu. Elle n’en mène pas large, la chanteuse quand son coeur s’emballe de plaisir lorsqu’il pousse un autre homme de sa chaise pour lui faire place. Elle lui sourit, complice, et s’installe à côté de lui, ignorant volontairement le verre vide qu’il repousse de la main. Il allait partir mais pour elle, il reste. Son coeur s’emballe à nouveau. Sasha a pourtant l’habitude d’être draguée, séduite, mais elle aime tout particulièrement la nonchalance de ce garçon. Il semble n’en avoir rien à faire et pourtant, il la laisse l’approcher, faire le premier pas. « Un Whisky. On the rocks, s’il te plait. » Elle lui adresse un sourire charmant mais timide.

Sasha aime cette question. Sans prétention, juste curieuse. Il ne lui fait pas de compliment. Ça tombe bien, elle ne les apprécie pas. Elle n’a jamais su les apprécier, à vrai dire. Comment remercier la personne sans avoir l’air trop sûr de soi, trop confiant, sans être non plus trop modeste ? Elle préfère qu’on ne la complimente pas. De toute façon, elle connait ses capacités. Elle sait qu’elle chante bien. Alors, au contraire, quand elle remarque sa moue presque boudeuse, elle sourit en coin. « Tu n’as pas l’air bien à l’aise dans ce genre d’environnement non plus. » La petite pique étant envoyée, un rire lui échappe. Ce n’est pas méchant mais il a l’air tellement hors de son élément que c’en est drôle pour la jeune femme. D’ailleurs, malgré tout, elle se décide quand même à répondre. « Pour répondre à ta question, je vis à Séoul. Et de temps à autres, je chante dans des piano bars. » Haussement d’épaules. Ne pas trop en révéler. Pas tout de suite. Pas ici. Du coin de l’oeil, elle voit leurs boissons glisser vers eux. « Et toi, que viens-tu faire ici ? Tu n’as pas vraiment l’air à ton aise alors je suppose que tu ne viens pas souvent dans ce genre d’endroit. »

Il n'a pas vraiment envie de passer son temps à la dévisager, par peur que ses yeux de bête sauvage l’effrayent. Alors qu'elle commande, Hwan laisse son regard se perdre vers le barman qui se met aussitôt au travail afin de servir les deux verres dans de brefs délais. Les mots de la jeune femme pourraient presque le sortir de sa zone de confort, mais il se contente de hausser les épaules avec désinvolture lorsqu'elle laisse échapper un petit rire. Pourquoi était-elle si à l'aise avec lui ? Ce genre de fille n'a aucun intérêt à traîner avec lui, sachant pertinemment qu'il y a bien plus riche que lui dans cette pièce. Dans d'autres piano bars ? Moi qui envisageait de venir plus régulièrement ici. Lâche t-il presque naturellement en attrapant son verre apparu comme par magie devant ses mains. Ce n'était presque qu'un murmure inaudible, mais trahissait l'intérêt qu'il avait trouvé à écouté la jeune femme chanter quelques instants auparavant.

Par politesse, il en profite pour lui donner le sien et se tourner vers elle. Ses yeux osent s'attarder un court instant sur ceux de la blondie, puis, comme s'il était pris sur le vif, il retient un soupire pour fixer ses glaçons... Bien plus intéressants, pour une raison obscure. J'ai pas la tête de l'emploi ? Dit-il presque déçu, trahissant un semblant de plaisanterie. Le nord-coréen se décide enfin à relever le menton puis, plus sérieusement, il reprend. Je viens plus souvent ici qu'on pourrait l'imaginer. Il se demande s'il doit l'attendre pour trinquer, mais au final, le garçon préfère lever légèrement son verre comme s'il portait un toast silencieux pour ensuite porter à nouveau son verre à ses lèvres pour prendre une légère gorgée. Convaincu qu'elle restera plus longtemps si son verre est plein, Hwan est persuadé qu'il se doit de boire plus lentement que d'ordinaire. Vivre à Séoul ? Mh. En voilà une drôle d'idée. Pourquoi ici et pas ailleurs ? Préférant porter son attention vers elle que sur lui, Su Hwan garde cet air détaché qui le caractérisait tant auprès de ses proches.
(c) DΛNDELION