Chapter I - you're a part of me and I'll never be the same here without you, you were gone too soon

Foutu pansement. Même retiré rapidement, il fait encore terriblement mal. C’est comme si en le retirant, on rouvrait une plaie qui, finalement, n’étais pas aussi bien cicatrisée qu’on le pensait. Dans un coin de sa tête, Seira sait très bien que cela ne plait pas à Ming Yue. Il aurait sans doute voulu oublier, tout simplement, mais c’est beaucoup trop demander à la jeune femme. Comment oublier huit longs mois à errer dans le désert ? Chacun de leur côté, sans doute, mais ça a été pareil pour eux deux. Dans sa main, les doigts de Ming Yue sont lâches. Elle est la seule à le tenir. Alors, elle pose son autre main sur les leur et le force à refermer les doigts. Voilà. C’est mieux comme ça. Au moins, il a l’air d’être vraiment là, il la tient fort. Elle sent que si elle le lâche, il va de nouveau desserrer la main et lui échapper. Elle se contente donc de garder sa main entre les siennes et de reposer la tête sur son épaule. Sa voix est presque inaudible et si Seira n’était pas aussi proche de sa bouche, elle ne l’entendrait sûrement pas. Pour la première fois depuis des mois, elle en oublie tout le monde qui tourne autour d’eux jusqu’à la voiture dans laquelle ils sont assise. De toute façon, ils sont encore loin de leur destination. Elle se contente de l’écouter, le regard perdu dans le vide.

Le début, elle le connait déjà. Voir cette fille semblable à une poupée Barbie – le blond en moins – se jeter dans les bras de Ming Yue lui avait donné des envies de meurtres. Elle serait probablement descendue de l’avion pour lui faire goûter le carrelage de la salle d’embarquement si elle ne savait pas que deux malabars l’attendaient à la sortie de l’avion, juste au cas où. Même quand il ne la regardait plus, elle ne cessait de lui murmurer des ‘je t’aime’ dans l’espoir qu’il l’entende et ce jusqu’à ce que l’avion décolle et qu’il disparaisse derrière les vitres de l’aéroport. Son voisin de siège a demandé à changer de place quand il l’a vue se mettre à pleurer. C’est vrai que ça n’est pas convenable dans un avion rempli de japonais en retour vers leur pays. A ce moment-là, elle n’en avait vraiment rien à faire. Elle n’est revenue à la réalité qu’en sentant quelque chose se poser sur ses épaules. Une couverture. Une hôtesse de l’air s’était assise à côté d’elle et avait passé cette couverture autour de ses épaules. Même pas un sourire de remerciement, Seira s’était contentée de se recroqueviller dans le siège et de se cacher entièrement dans la couverture pour le reste du vol. Comme elle le fait en ce moment dans l’épaule de Ming Yue. Cette fois, pas de larmes. Elle est juste fatiguée. Ses mains se sont desserrées autour de la sienne. On dirait qu’elle somnole et ne l’écoute pas mais elle est plus attentive que jamais.

Elle peut parfaitement l’imaginer dans chacune des scènes qu’il lui raconte. L’imaginer divaguer, être distant et désintéressé est si facile. Elle se souvient de son dégoût total pour tout ce qui touchait aux finances et à la gestion, déjà à la Todaï. Il ne supportait pas ça et n’était pas capable de s’y intéresser. A tout bien y réfléchir, elle ne le comprend que trop bien. Comme lui, elle n’a pas eu le choix, mais à une différente échelle. Ce n’est pas comme si son père l’avait forcé. Son résumé de la situation la ferait presque sourire. Elle sort de sa torpeur et reprend sa main. Et puis il lui explique comment il l’a retrouvée. Par hasard, en plus. Tout ça à cause de sa capricieuse fiancée. Mais tant mieux en fait, l’entendre à peine quelques secondes l’avait soulagée comme jamais. Sa voix était toujours la même. Il ne l’avait pas oubliée, en fin de compte. C’est cette pensée qui l’avait fait tenir encore quelques mois, jusqu’à ce qu’elle lâche complètement prise pendant un temps puis se reprenne et décide d’aller elle-même le chercher, quoi qu’il en coûte.

« Tu t'es disputé avec elle, j'ai sût que t'étais ici. Je n'aime... Pas me rappeler tout ça, tu sais ça ? »
« Je sais. Ça ne me plait pas plus qu’à toi, mais on pourra plus revenir dessus dans dix ans et même si on y arrive, ça fera trop mal. »

Brusquement, la blondie se redresse sur la banquette et pose une main sur la joue de Ming Yue, réflexe maternel et amoureux. Pendant un long moment, elle se contente de caresser son visage en le fixant, puis elle finit par se rapprocher lentement. Elle erre quelques secondes au-dessus de ses lèvres, hésitant sur le geste à avoir, mais elle se décide à les sceller doucement. Ce n’est pas un long baiser, ni passionné, ni fougueux, juste doux. Elle voudrait lui demander de continuer mais il semblerait qu’ils soient plus proches de leur destination que prévu. Le taxi se gare en double-file pour les laisser sortir. Il accompli même l’exploit de sortir pour tirer leurs affaires du coffre et les leur rendre. Seira le remercie en coréen et se détourne. Son regard se fixe sur Ming Yue. Elle a dû lâcher sa main pour récupérer son sac et le mettre à son épaule mais maintenant elle lui manque. Alors, comme une môme, elle la tend vers lui, un peu honteuse d’avoir à ce point besoin de lui. Et tandis qu’elle attend de pouvoir sentir de nouveau la chaleur de sa main dans la sienne, elle murmure :

« Elle t’a sûrement raconté que j’ai failli la tuer, mh. Eh bien, c’est la vérité. A un moment donné, j’avais vraiment envie de la tuer juste pour voir si ça te ferait venir, si tu viendrais… je sais pas… me chercher. »

Quand enfin il prend sa main, celle-ci tremble comme une feuille secouée par le vent. La jeune femme a détourné le regard, fixant d’un air mécontent le trottoir. Mais au moins, elle sent sa main. Elle se tient un peu sur la route, obligeant quelques voitures à la contourner pour ne pas avoir la mort d’une femme enceinte sur la conscience, mais ça ne lui effleure pas un instant l’esprit qu’elle pourrait peut-être gêner. Difficile de trouver plus inconsciente qu’elle. Lentement, elle relève les yeux vers Ming Yue et murmure :

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ensuite ? »

Tout se passait tellement vite à cet instant. Tout d'abord, ces contacts avec Seira qui n'avaient pas eu lieu après avoir terminé la première partie de son histoire bien sombre. Au fond, Ming Yue sait qu'elle a raison. En parler plus tard ne fera qu'envenimer les choses comme avant. Avant il avait bien trop attendu. Et voilà que peu après, alors qu'il s'apprêtait à continuer, ils étaient arriver. Après toutes ces manœuvres pour sortir et récupérer leurs affaires, Ming Yue pensait enfin pouvoir éviter le sujet. M'enfin, il n'était pas dupe. A peine lui a t-elle tendu la main que le sujet reviens sur le tapis. Cette fois, c'est de Soo Mee dont il est question. La tuer ? Ce petit ourson en guimauve ? Même pour une raison aussi grande, Mee ne méritait pas une mort aussi douloureuse. Il est clair que Seira aurait tout fait pour la faire souffrir, sachant que la coréenne était presque similaire que sa princesse niveau douceur quand il était question de conflits. Le jeune homme se contente de sourire. Peut-être qu'elles auraient put devenir amis si les circonstances avaient été différentes ? Ming Yue n'en a aucuns doutes. Des amies qui se crêperaient le chignon sans cesse. L'image est comique a imaginer. Et doucement, main dans la main de sa princesse il s'avance afin de l'écarter de la route qu'elle ne semble même pas craindre à l'heure actuelle.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ensuite ? »

Leurs yeux se croisent un instant. Mmh. Ce qu'il s'est passé après ?


Soo Mee est retournée vivre avec lui quelques jours après. Il se souviens très bien la voir arriver chez lui à l'improviste alors qu'il révisait tant bien que mal son anglais. « Jagiya. Je viens ici préparer le mariage. » il l'observe muet un instant, comme sonné. Sur son bras, un petit bleu. Brutalement, il l'attrape par le bras en lui demandant ce que c'est. « Je suis tombé et je me suis cogné. Ne t'en fais pas ce n'est pas ton imbécile d'ex petite copine qui m'a fait ça, elle serait probablement morte à l'heure qu'il est sinon. » ce jour là il avait été très mécontent de la façon dont elle avait parlé de Seira mais il était resté muet. Il n'avait pas envie d'argumenter et le voir se fermer ainsi permettait à la jeune modèle de savoir qu'elle avait poussé le bouchon un peu trop loin.

Un mois plus tard, il présenta Soo Mee a sa mère. Leur lien avait étrangement évolué, très positivement même. A table, les coups d’œil de la mère Wang fuse en direction de Soo Mee. Lorsqu'elle s'exprime, c'est bien souvent en Taiwanais pour critiquer les manières de la jeune coréenne. Intérieurement, Ming Yue ris. A vrai dire, sa mère est une ex femme d'affaire. Très courtoise et très intelligente comparé a ses allures de folles, elle s'est permise de dire ce jour là ; « Future belle-fille, hm ? Et ton père accepte que tu épouses une fille si étroite d'esprit qui veule te séparer de la femme que tu aime ? » Cette réflexion avait bel et bien choqué la jeune coréenne. Comme si on la mettais au pieds du mur. Son comportement a très vite changé par la suite. Comme si elle réalisait que tout ce qu'elle faisait ne rimait à rien... Réaliser qu'il ne l'aimera jamais.

Les mois passent, et puis Soo Mee reste silencieuse. Il faut qu'elle choisisse une robe de mariée, mais plus les jours passent, plus elle semble réticente. Elle prend l'habitude d’appeler le père de Ming Yue ''Monsieur Wang'' et non ''Père''.

Un jour, elle est venu le trouver au bureau, quelque peu perturbée. « Ming Yue, j'aimerais vraiment que tu sois vraiment heureux. Je ferais tout pour que tu le sois. » Quelques jours plus tard elle déversait son venin sur Seira dans la voiture sur le chemin pour se rendre chez le Wedding-Planner. « C'est quoi cette bague ? Vraiment, comment on peu aimer une fille aussi vulgaire. » Les mots fusent comme des boulets de canons qui le heurtent de plus en plus douloureusement. Il avait posé la bague sur la table après l’avoir retrouvé ? L'avait-elle vue ? Voiture correctement rangée dans son emplacement du parking souterrain du grand building, les mots continues de se déverser tel du poison. Petit a petit, Ming Yue explose. C'est dans la cage d'escalier qu'ils se dispute. « Je continuerais tant que tu n'auras pas fait ce qui me semble être juste. » Qu'est-ce qui lui semblait si juste exactement ? Elle lève sa main comme pour le gifler, mais Ming Yue à le réflexe de la pousser. « Arrête de faire comme si tu savais tout. Tu ne sais rien. » Mais elle sait tout exactement. Il s'en veut d'être si méchant avec elle a cet instant. Lentement, Soo Mee tombe et se cogne contre le mur. Il ne sait pas si ce sont des larmes de tristesse, douleur ou de colère qui vienne habiller les yeux de la jeune femme qui se tient désormais la tête comme pour prévenir d'un coup. Elle s'est simplement cogner la tête, pas de quoi dramatiser. Ses yeux se lève vers l'homme qu'elle aime et d'un ton a la fois triste et plein de reproche elle déclare ; « Wang Ming Yue tu es vraiment le garçon le plus stupide que j'ai jamais rencontré.»


Il resserre sa main doucement comme pour s'assurer que tout ça est définitivement réel.Finalement, petit à petit il comprend un peu mieux tous les événements. A chaque fois qu'il y repense, ça deviens de plus en plus clair. Gratifiant sa douce d'un sourire rayonnant, il continue d'avancer vers l'enseigne avec leurs bagages.

« Je viens de comprendre quelque chose à l'instant. Je t'expliquerais tout à l’intérieur bien au chaud. Tout en détails. »

Oh, il n'allait pas manquer de lui expliquer tout en détail. Les éloges que sa mère faisait d'elle. Les vœux qu'elle exprimait de vouloir voir son futur petit fils... Et tous ces détails qu'il avait, finalement, besoin de partager... Tout. Il allait tout lui dire.