Chapter 0 - one more time

Tu n'es pas dans ton état habituel. Encore une fois, tu as passé trop de temps cette nuit en compagnie de lui. 20 ans et incapable de te détacher de ton meilleur ami qui t'entraîne vers le fond. Tu sais que tu es en tord aujourd'hui : tu n'es pas toi même et tu vas arriver en retard à un rendez-vous avec elle. Encore une fois, tu échoues. Tu as beau lui promettre de changer, quelque chose ou quelqu'un t'en empêche.

Tu empeste l'alcool. Si la vente est interdite aux mineurs ici, tu as juste l'impression que la bouteille de whisky s'est renversée sur toi cette nuit. Si tu ne te souviens pas trop de la veille, tu sais que c'était une soirée bien habituelle, car les traces de piqûres dans le creux de ton coude son encore fraîches. Chemise chiffonnée, tu as tenté de te coiffer pour lui faire plaisir, pour ressembler au type que tu es supposé être. Échec.

Rendez-vous au centre commercial, tu lui as promis de lui payer une robe pour l'emmener danser. Danser ? Tu as réussi à te procurer des faux papiers pour que vous puissiez entrer en boite sans problèmes. Après tout, outre la drogue, le sexe, la tise, les jeunes vont aussi danser non ? Alors pourquoi pas vous ?

Ma beauté !

Tu lui souris comme tu ne souris jamais, niais au possible cherchant déjà à te faire pardonner. Elle ne sera pas contente pour sûr, mais elle te pardonnera. Tu le sais.

Je vais lui casser la gueule.

Syu est obligée de prendre une longue respiration et calmer les rougeurs d’énervement qui ont pointé sur ses joues creuses. C’est une blague. Ce type lui-même est une vraie blague. Non seulement il est en retard, ce qu’elle pourrait comprendre et accepter – après tout, c’est un mec, il se doit avoir les quinze minutes de retard réglementaires – mais en plus, elle sait ce qu’il s’est passé la veille. Et il doit savoir qu’elle sait, qu’elle a passé l’âge d’être niaise et même conne, pourtant il continue à la considérer comme telle. Elle est déjà la seule idiote à être plantée au milieu du centre commercial, les bras croisés sur sa poitrine, à fulminer de rage. Peu lui importe l’heure, peu lui importe la robe promise. Elle veut juste qu’il arrête de faire l’idiot, comme il lui a promis à peu près une centaine de fois.

Des promesses, il en fait toujours mais ne les tient jamais et c’est bien ça qui rend la jeune femme si désespérément triste. Ils ont dix-neuf ans, se dit-elle, et auront bientôt passé l’âge de faire des conneries. Bientôt, il sera temps de se préoccuper de leur futur. Même si parfois, elle se demande si c’est réciproque, elle est vraiment amoureuse de ce garçon et espère quand même sa réussite. Pourtant, au moment où elle le voit arriver et passer les portes du centre commercial, tout ce qu’elle espère c’est avoir assez de force pour le frapper et l’enfoncer complètement dans le sol pour ensuite pouvoir piétiner sa tête d’imbécile. Ce sourire. Il l’énerve et la fait fondre. Mais elle sait qu’il est faux, que Jeung Jae se force pour se faire pardonner.

« Tu m’emmerdes ! »

Voilà, ça c’est fait. Elle s’approche de lui et la première chose qu’elle fait, c’est le gifler. Pas assez fort pour vraiment lui faire mal mais assez pour marquer ses mots. Et en plus, il empeste d’une odeur forte. Syu ne se pose même pas la question. Elle sait que c’est de l’alcool. Sa chemise est trop chiffonnée pour que ça soit fait exprès, et il a des cernes de vingt kilomètres sous les yeux. Tout ce qu’il peut lire dans ses yeux, c’est la déception. N'est-elle pas assez bien pour mériter la vérité ? Peut-être estime-t-il qu'elle ne mérite pas d'être traitée avec un peu de respect. Elle qui se bat toujours pour le rendre fier le voit frapper ses espoirs à coups de pied pour les abattre. Pour une fois, elle aimerait se sentir faire partie de son monde. Un soupire quitte ses lèvres alors que l’adrénaline retombe.

« T’es même pas douché. Rentre chez toi, va… »

Rentrer chez toi, c'est une belle demande qu'elle te fait. Mais par principe, tu vas rester. Elle t'importe un minimum, la jolie Syu, sinon tu ne serais pas là à jouer le imbéciles heureux en sa compagnie. Jeune et con, insouciant, mais probablement amoureux, c'est ce que t'a dit ton meilleur ami, sans réellement savoir que tu lorgnais déjà sur sa petite brunette tatouée.

La gifle a fait l'effet d'une douche froide, pourtant tu ne râles pas du traitement qu'elle t'inflige. Peut-être l'as-tu mérité, ou pas ? Tu t'avances un peu plus vers elle, l'alcool te donnant des ailes, et tu passes ton bras dans son dos pour la rapprocher de toi afin de déposer un baiser sur sa joue chaude. Tes lèvres sèches pourraient presque irriter sa peau, mais toi tu t'en fiche. Parfois, tu as envie de lui dire de belles paroles, mais tu sais qu'elle ne te croira pas dans une telle situation... Alors tu avales ta salives et tu souris comme tu fais toujours en sa compagnie.

Je te l'ai promis. Je ne vais pas me dégonfler... Pas encore une fois, tu le penses, et pourtant, même si tu tiens ta parole aujourd'hui, qui sait si demain tu feras de même ? Tu lâches prise pour faire glisser tes doigts le long de sa main que tu presses doucement contre ta paume. Dis moi quel magasin t'intéresse. Je suis sérieux.

Si elle est en colère, Syu ne résiste pas. Elle le laisse l’attirer à lui et l’embrasser. Elle est déchirée. Elle voudrait lui sauter au cou et le supplier d’aller mieux – car pour elle, s’il se comporte comme ça, c’est qu’il va mal – ou le repousser et en finir avec cette histoire qui ne mènera à rien. Elle ne l’a jamais connu qu’ainsi mais elle sait qu’il peut être un homme meilleur. Ou peut-être est-ce juste sa foi aveugle en l’humanité. Ou la confiance qu’elle lui porte malgré tout. Lentement mais sûrement, elle lève les mains et les passe autour de sa taille fine, pour se serrer doucement contre lui. Il est tellement maigre, même par rapport à elle, qu’elle aurait presque peur de le casser.

Pour une fois, il a tenu sa promesse. Autant en profiter, se dit-elle, même si elle se doute qu’il aurait préféré récupérer de sa gueule de bois bien tranquillement plutôt que de l’emmener faire du shopping. Il a fait un effort, bien que minime. Elle sert sa main dans la sienne mais garde la tête baissée, les larmes aux yeux. Au moins, il a la décence de ne pas s'excuser. Elle aurait été furieuse, compte tenu de ses nombreuses récidives. De plus, il sait parfaitement qu'elle ne le croirait pas. Elle essuie ses yeux humides sans se soucier du maquillage qui pourrait couler. A vingt ans, elle déteste se maquiller et l'idée d'être trop féminine la dérange. Elle s'estime heureuse d'être tombée sur un homme qui ne semble pas s'en soucier. Si elle savait.

« Tu comptes vraiment m'emmener danser ? Ou est-ce que c'est juste une promesse en l'air, comme les autres ? »

Elle laisse échapper un rire qui n'en est pas un. Trop forcé pour être vrai. Finalement, avec beaucoup d'efforts, elle lève la tête et dépose un rapide baiser au coin de ses lèvres avant de se détourner.

« Je... hmm... J'aime pas mettre de robe... »

Parfois, sa présence te rassure. Ce n'est pas la même ambiance lorsque tu es avec Syu. Tu n'as connu que la misère. D'abord avec tes parents, après avec ton meilleur ami. Au final, tu n'avais jamais eu l'idée d'un monde meilleur avant elle. A chaque moment, Syu t'accompagne. Tu ne lui mens pas pourtant, quand tu lui dit vouloir arrêter les bêtises. Tu le souhaites, réellement. Seulement, si elle savait qu'au fond de ton cœur, il y a un néant qui ne cesse de corrompre les lueurs d'espoir que tu tentes de faire immerger. Tu sais que tu n'es pas un type pour elle, et pourtant tu t'y raccroches, comme un enfant apeuré par les monstres sous son lit. Au final, tu as toujours eu peur d'être toi-même, parce que tu sais qu'au fond se cache un monstre. Tu le sens rugir par moment, prêt à faire n'importe quoi. Cela t'attristait avant, et puis tu as appris à vivre avec.

Syu mérite mieux. Elle mérite que tu deviennes bon, c'est ce que tu t'es dit en arrivant et c'est pourquoi, maintenant, tu t'engages à lui faire plaisir. C'est pour ça que tu vas l'emmener danser. Malgré tes talents de piètre danseur, tu sais que les filles aiment ça. Tu voudrais la rendre heureuse comme elle le fait à chaque fois que tu es en sa compagnie... Ou alors, est-ce encore les effets de l'alcool qui jouent sur ton cerveau.. Mais encore une fois, tu lui sourie, de la manière la plus sincère qui soit après qu'elle t'ai embrassé.

Oui. Il y a une soirée la semaine prochaine, c'est Three qui m'en a parlé. Tu as l'air ailleurs, mais aussitôt, tu précises : C'est pas une soirée pourrie. Il faut payer pour entrer, c'est dans un club branché. Pas d'embrouilles. Je te jure. Tes fréquentations la rebute, c'est pourquoi tu précises la nature de la prochaine sortie. Il ne sera pas là, c'est sûr. En fait, tu es persuadé que Three emmènera Lin Yao là bas s'ils ne sont pas défoncés avant... Enfin, s'ils font ça tous les deux, peut-être que c'est normal de faire ça avec la fille avec qui tu es ? La maladresse d'être en couple fais de toi un piètre valentin... Et pourtant...

Sans quitter la main de Syu, tu marche doucement à travers la galerie commerçante. Elle n'aime pas les robes mh ? Dommage, tu penses. Ça ne t'empêche pas de t'arrêter devant la vitrine d'un magasin de robes de mariées avec des robes particulièrement jolies présentée. De ta main libre, tu pointes la boutique.

Tu veux même pas essayer l'une d'entre elles ?

C'est assez fou de proposer à ta petite amie d'essayer des robes aussi belles pour des occasions particulières... Mais dans ton état, impossible de réfléchir à un truc plus intelligent.

Pendant qu’il lui parle de la soirée, Syu le dévisage. Elle ne l’écoute presque pas. Pas assez pour relever la mention de Three ou cette soirée en laquelle elle n’a pas confiance. Il essaye tant de faire des efforts. Pour elle ? Elle a du mal à croire qu’elle est assez importante pour ça, et pourtant. C’est bien à elle qu’il sourit, malgré l’alcool dont est imbibé son sang. Alors, elle prend une grande inspiration. S’il fait des efforts pour toi, tu dois en faire pour lui, se dit-elle. Premièrement, ce n’est que la moindre des choses, et puis il le mérite. Il est comme un enfant et doit être félicité au moindre effort. Il y met tant de bonne volonté qu’elle n’arrive pas à être en colère après lui. Comme d’habitude. Sa colère n’aura duré que deux minutes. Il la connait trop bien et sait se faire pardonner. Syu n’oublie jamais, mais elle pardonne.

Alors qu’elle est en train de partir dans l’autre direction, elle sent la main de Jae la retenir et la forcer à se retourner. Elle l’interroge de son regard si innocent et pourtant si vieux. Comme si elle en avait déjà trop vu. Encore une fois, si seulement elle savait. Essayer quoi ? Son regard dévie vers la vitrine du magasin qu’il désigne et si elle était en train de déglutir, elle se serait étranglée. Des robes de mariées. Il lui faut du temps pour observer les robes une par une. Peut-être y a-t-il une robe plus commune parmi le lot et c’était de celle-là dont il parlait. Mais non. Elles sont blanches, crèmes, roses ou bleu mais toutes sont des robes de mariées, elle en est sûre. Lentement mais sûrement, son regard se tourne vers Jae et elle le dévisage d’un air interdit. Du calme. Il doit sûrement blaguer, ou alors il a eu un pet de cerveau. Le pauvre. Syu lui adresse soudain un grand sourire qui serait presque terrifiant s’il n’était pas si doux.

« Mais tu sautes des étapes ! La bague qu’on a trouvé l’autre jour dans le paquet de céréales, c’était ça, ma bague de fiançailles ? »

Elle blague, elle aussi, évidemment, et se met à rire. Elle le rejoint en deux enjambées et observe les robes. Après tout, il a peut-être raison. Elle incline la tête. Certes, elle ne se voit pas un jour porter une de ces robes, mais…

« Viens, on entre. J’aimerais essayer la bleu. »

Elle a ce sourire malicieux aux lèvres. Bon retour, Syu, te revoilà. La vraie Syu, maline et joueuse et revenue. Resserrant délicatement son emprise sur la main de son petit ami — des papillons volettent dans son ventre à cette pensée —, elle l’entraîne avec elle vers la porte du magasin et entre. Ni elle ni lui ne sont habillés pour l’occasion. Ils n’ont même pas l’air d’avoir assez d’argent pour acheter ne serait-ce qu’une manche d’une de ces robes. Mais pourquoi pas ? C’est futile, mais on ne vit qu’une fois, se dit-elle. Juste avant d’être accostée par la vendeuse, elle se tourne rapidement vers Jae et murmure :

« Je te laisse parler, future husband. »

tu ne réfléchi pas trop en ce moment, car les imbéciles font des choses spontanées. C'est le rêve de toute demoiselle de finir dans une de ces robes, c'est pourquoi ta proposition te parait complètement légitime. Néanmoins, tu restes un idiot. Incapable de savoir si tu l'aimes, loin de la réalité, tu t'es construit un monde d'idioties où tu penses être un roi. la bague, c'est un symbole idiot. tu ne comprends pas pourquoi tout le monde aime ces gestes d'attention, ces couples qui célèbrent leurs 100 jours en s'offrant des bagues pour des promesses d'amour infini qui ne tiendront jamais. c'est quoi l'amour au juste ? ton whisky n'est pas pas capable de te donner la réponse. tu sais juste que t'as besoin de cette fille, parce qu'elle fait parti d'un monde qui n'est pas le tien.

elle veut essayer la bleu. tu souris bêtement et tu la laisse te guider vers un lieu qui t'es inconnu que tu n'as visité que dans les films. silencieux aux premiers abords, tu observes attentivement les robes de ton œil peu clair. tu as l'air complètement perdu dans cet univers qui pue l'argent et le bonheur. tes chaussures sales n'ont rien à faire ici, et pourtant tu restes de pied ferme dans le magasin. quand syu te murmure à l'oreille que c'est ton tour de jouer, tu laisses apparaître tes dents dans un rictus amusé. mentir c'est ta spécialité, non? c'est toi qui, tous les soirs, sort des bobards à ton père ivre. c'est toi aussi qui tous les soirs parvient à t'en tirer avec ta tchatche. même three est surpris par moment, mais t'es juste un gosse paumé qui veut faire les grands.

si la vendeuse s'approche de vous avec un air suspicieux aux coins de ses yeux, tu pousse discrètement syu pour qu'elle aille jeter un œil aux robes et qu'elle te laisse faire, espérant qu'elle n'ait pas envie de voir comment tu osais t'y prendre. je peux vous renseigner? qu'on te demande. tu acquiesces d'un air joueur, empestant toujours autant l'alcool (d'ailleurs elle l'a probablement senti au moment ou tu as posé ton pied dans la boutique).

je cherche une robe pour ma copine. je voudrais lui faire plaisir pour notre anniversaire. dis-tu en fourrant la main dans ta poche. tu fouilles au fond de celle-ci pour trouver un quelconque billet, mais rien y fait, tu ne trouves rien. tu trouves quelques malheureuses pièces et un sachet légèrement suspect que tu as sorti bêtement sous les yeux de la femme en face de toi. si c'est une fille de ton milieu elle ne dira rien, peut-être qu'elle prendra le sachet secret en guise de paiement... si c'est la propriétaire qui est pète sec, j'espère que tu as prépare tes arguments.

Si elle est honnête avec elle-même, Syu n’aurait pas cru que Jae demanderait réellement à cette vendeuse une tenue. Alors qu’il la pousse gentiment vers les robes, elle ne résiste pas. Tout autour d’elle, ces robes de mariée la font retomber en enfance, quand elle pensait encore trouver un prince charmant. Avec Jae, c’est bel et bien mort, se dit-elle en riant intérieurement. Finalement pour elle, le mariage n’est pas si important. Elle croit sincèrement qu’on peut aimer quelqu’un sans pour autant ressentir le besoin de se marier avec. Comme Jeung Jae. La première chose qu’elle ferait si jamais ils se mariaient, ce serait de demander le divorce, peu importe l’amour qu’elle lui porte. Un petit soupire échappe ses lèvres tandis qu’elle fait courir ses doigts sur les textiles doux et délicats des robes. Pendant une seconde, elle s’imagine le prix d’une seule de ses robes et sent son cœur se tordre d’anxiété. Son salaire de serveuse à mi-temps ne suffirait pas à payer une seule manche d’une seule robe vendue dans cette boutique, se dit-elle, et peut-être ne devraient-ils pas embêter cette dame…

Mais à tout bien y réfléchir, cette robe bleue qui ressemble plus à une robe de demoiselle d’honneur qu’à une robe de mariée lui fait tant envie. Elle sait que ni lui ni elle ne pourra se le permettre mais s’ils promettent de la recontacter, simplement, peut-être ne s’offusquera-t-elle pas. Elle prend délicatement le cintre pour ne pas toucher la robe en elle-même, de peur de l’abîmer, et la sort du portant. Certes, la robe n’est même pas crédible pour une mariée, puisqu’elle lui arrive à peine plus bas que les genoux. Malgré tout, elle se tourne vers Jae, caché par le corps de la vendeuse qui se tient devant elle, et le dévisage avec ses yeux de biches. Elle s’approche d’eux discrètement et pose la robe contre elle pour qu’il la voie.

« Qu’est-ce que tu en penses ? Elle est jolie… »

La robe est bleue turquoise, drapée et n’a qu’une seule bretelle large ainsi qu’une ceinture de la même couleur et matière en mousseline de soie que la robe elle-même. Et puis, doucement, l’étiquette du prix tourne sur elle-même dans le mouvement qu’elle a fait pour la plaquer à son corps et elle croit sentir ses yeux décoller de leurs orbites. Un calcul rapide lui permet de comprendre qu’elle vaut une année de son salaire de misère. Doucement, elle fait un pas en arrière.

« Mais bon… Peut-être quelque chose de plus simple ! »

Comme si cette robe-ci n’était pas assez simple. Elle n’est dotée d’aucune fioriture mais Syu espère toujours. Elle jette un petit coup d’œil à Jae et lui sourit tendrement avant de lui adresser un signe de la main.

« Viens m’aider à choisir. »

ta main se libère d'un poids. Marché conclu. Tes yeux remercie la vendeuse avant de reporter ton attention à Syu qui vient de débarquer. Soulagé qu'elle n'arrive que maintenant, auquel cas elle aurait probablement vu des choses regrettables au risque de la faire râler une fois de plus. La vendeuse s'éloigne, ni vu ni connu et toi tu contemples la robe. Tu n'aimes pas trop le bleu turquoise, mais tu souris à l'attention de ta dulcinée comme tout homme se doit de faire pour ne pas la contrariée. Oui elle est jolie. Et malgré le fait que la robe soit jolie, tu n'aimes vraiment pas la couleur. Tu es un gars de la nuit, tu préfères les choses sombres, c'est probablement pour ça. Et voilà que maintenant Syu semble se préoccuper du prix, car même si décuves, tu ne manques pas l'attention qu'elle porte à l'étiquette du prix. Tu as de l'argent. Un bon billet normalement, suite aux choses que t'as réussi a vendre avec Three... Alors tu retiens ta grimace, sans savoir pourquoi l'idée de l'argent sale t'avait un peu agacée, et attrapes la main de la jeune femme pour l'accompagner vers les robes.

Les couleurs ne te branchent pas trop. C'est pas trop ton truc les boutiques de base, alors, une boutique de robes aussi chères... Quelle drôle d'idée a pût te traverser l'esprit ? Au final, tu veux faire comme pretty woman, un film que ta mère avait vu il y a un petit moment. Tes yeux se posent sur Syu, d'un air presque professionnel. Tu n'es pas très large, alors on va regarder dans ces tailles là. Tes doigts parcourent les tissus doucement, puis tu tire un premier cintre. Une robe prune. Tu la pose sur ton bras sans réelle attention, sans te soucier de froisser le tissus hors de prix, puis voilà que ta main attrapes une nouvelle couleur argent cette fois. Enfin, tu n'hésite pas un instant a sélectionner celle d'a côté, gris foncé avec des perles. Tel un professionnel de mode, tu les lèves une a une pour observer les formes et détails, aussi pour les montrer à la principale concernée. Tu as encore choisi des choses sombres, malgré tout, et quand tu en viens à montrer la première que tu as sélectionné, tu laisses tomber les autres au sol pour la tendre tel un enfant ayant fait une trouvaille. Celle-ci. Cette robe prune te fait de l’œil, et rien que l'idée d'imaginer Syu dedans te laisse de la suite dans les idées.

Syu le voit dans son regard que la couleur ne lui plait pas. Il n’aime rien de ce qui est clair. Il n’aime rien de joyeux non plus. Elle sourit à sa réponse, pas offensée le moins du monde. Bien que le turquoise soit sa couleur favorite, elle ne cherche jamais qu’à lui plaire et préfère encore qu’il choisisse la couleur. Presque automatiquement, alors que la main de Jae attrape la sienne, elle enroule ses doigts autour, comme si elle était déjà en train de le chercher. Elle laisse échapper un tout petit rire et lui frotte sensiblement le bras avant de poser sa tête sur son épaule. « T’es en train de regretter, hm ? » Au moment même où elle va pour l’entraîner à l’extérieur, lui dire que ce n’est rien et que de toute façon, ce n’est pas une pauvre robe qui va lui faire croire à la magie du mariage, c’est lui qui prend les devants. Tout de suite, la robe prune lui tape dans l’œil. Elle passe les doigts sur le tissu de belle qualité et doit réprimer un frisson de délice. Comme prévu, l’argent et la grise anthracite lui plaisent beaucoup moins. Avec son teint halé, le gris ne lui va pas. « J’ai pas assez de poitrine pour ça, tu sais, » fait-elle en montrant la robe argentée.

D’un autre côté, alors qu’il l’entraîne vers les cabines d’essayage, elle est déjà en train de se demander comment remplir l’espace dans le bustier de la robe violette. Réponse simple : elle ne le remplira clairement pas. Mais son attitude est beaucoup trop attendrissante et mignonne pour qu’elle lui résiste. Sans vraiment se soucier des robes tandis que, derrière eux, la vendeuse fait une syncope mentale, Syu acquiesce d’un signe de tête. Elle prend le cintre et lui sourit. « D’accord, celle-ci. » Une fois à l’intérieure et le rideau fermé derrière elle, elle suspend la robe à un porte-manteau et commence à se déshabiller. Elle jette son haut et le jean qu’elle portait sur le petit tabouret dans un coin de l’espace réduit. Alors qu’elle va pour passer la robe, une question s’impose. Avec ou sans soutien-gorge ? Elle n’a pas l’habitude de s’habiller si chic et ne met jamais, oh grand jamais, de corset. « Jae ? » Elle sort la tête par le rideau mais le rabat sur le reste de son corps. Comme s’il ne l’avait jamais vue dénudée, comme si surtout il ne pouvait pas voir son reflet arrière dans le miroir de la cabine. « Je… J’enlève le soutien-gorge, non ? » Son ton est hésitant mais elle est déjà lentement en train de dégrafer son soutien-gorge tout en retournant à l’intérieur. Il tombe alors sur le tas de ses vêtements puis elle peut enfin passer la robe. Fort heureusement, la fermeture éclair est sur le côté et Syu n’a aucun mal à fermer la robe sur sa petite carrure. Elle l’ajuste un peu, tente désespérément de faire ressortir sa poitrine, fait voler les plis derrière ses jambes et se tend sur la pointe des pieds pour se donner une idée de ce qu’elle pourrait donner avec des talons hauts. Mais c’est finalement pieds nus qu’elle franchit le rideau de la cabine d’essayage pour s’exposer à l’oeil novice mais néanmoins critique de son petit ami. « Alors ? Je ne sais pas quoi en penser, vraiment. C’est pas un peu trop luxueux ? »