Chapter 0 - one more time

Tu n'y connais rien en mode, d'ailleurs, tu essaies d'imiter les femmes que tu as l'habitude de voir sur écran. Pas de chance pour toi ou Sou, toi tu as des noix et pas des ovaires. Patientant dans le magasin après que la douce ait accepté d'essayer la belle robe prune qui te tapait dans l'œil, tu n'entends pas lorsqu'elle t'appelle une première fois, absorbé par ton écran de téléphone que tu as tiré de ta poche le temps de l'attendre. Entendre parler de soutien gorge te fait néanmoins lever la tête d'un air plus qu'intéressé. Au début, tu fixes son visage comme un peu perturbé par cette question à laquelle aucune réponse ne te viens. Ensuite, tu sens tes joues s'enflammer car, sans faire exprès tes yeux se sont aventurés vers ce que tu pouvais voir dans ce miroir, et étrangement tu t'es senti gêné de la voir si peu vêtue de dos... Alors, tu pivote nerveusement, pour détourner les yeux curieux qui veulent s'aventurer plus et tu réponds un simple Oui, innocemment. Ta main est venue gratter ton menton pour t'enlever cette folle idée qui te donne envie d'ouvrir le rideau pour la rejoindre. Voyons Jae, on ne fait pas ça aux dames, murmure tu dans ta moustache alors que tu tournes en rond tel un lion en cage, prenant soin d'imposer une distance de sécurité entre ce rideaux et tes mains baladeuses.

Sou avait le don de faire ressortir des aspects inconnus de toi. Jamais tu n'aurais rougi devant un bout de peau, et pourtant aujourd'hui tu l'as fait. Même la première fois que tes doigts ont effleuré la peau nu de son épaule, tu t'es senti nerveux... Pourtant, des filles nus, tu en voyais quand tu t'ennuyais avec Three. Mais Syu était différente. Syu était humaine et ... C'était tout simplement Syu.

Les yeux rivés sur le bout de tissus, tu es soulagé lorsqu'elle sort le bout de son nez. A ton âge, tu vois rarement des filles comme Syu porter des robes aussi belles, si bien que ta bouche s'entrouvre et tu n'arrives pas à détacher ton regard de la jeune femme. Tu t'avances vers elle, réduisant votre espace de sécurité et saisi l'étiquette de la robe. C'est soulagé que tu te dis que c'est probablement un premier prix. Il lui faut cette robe, car même si elle ne la porte pas pour danser, elle la portera à la maison tous les soirs s'il le faut, quand vous aurez votre chez vous. Sans voix, tu saisis sa main et la fait tourner sur elle-même, pour la contempler un peu plus. Un pas en arrière, un regard insistant, tu te mords déjà la lèvre. Tu vas me ruiner. dis-tu en posant une dernière fois ton regard sur cette satanée robe, avant de lever les yeux vers elle. Furtivement, tu t'avances pour lui déposer un baiser au coin de ses lèvres. Mais... Ce que t'es belle. Tu parles rarement comme ça et tu es difficilement impressionnable... Pourtant Syu a réussi, si bien que tu as l'air d'un idiot aveuglé par la beauté de sa femme, là maintenant.

Syu est plutôt mal à l’aise dans sa robe et même si Jae n’y connais rien, il peut le voir. Elle se dandine sur la pointe de ses pieds, les mains croisées dans le dos. La jupe en tulle volette doucement autour de ses jambes fines. Du coin de l’œil, elle constate elle aussi le prix de la robe, qui l’effare un peu. Quoi qu’il croie, son regard n’a pas de secret pour toi. Tu fronces les sourcils et lui arrache délicatement l’étiquette des mains. Il est hors de question qu’il se ruine pour elle et encore moins pour une robe qu’elle ne portera jamais. Pour lui faire plaisir, elle tourne sur elle-même, mais son manque d’équilibre la trahit et elle titube légèrement sur ses pieds, abandonnant complètement l’idée de se tenir sur les pointes. Elle lève les yeux au ciel. Il est totalement inconscient, ce gosse, se dit-elle. « Non, Jae, tu vas pas— » Son baiser la coupe. Elle devient aussi rouge qu’une tomate et s’éclaircit la gorge avant de continuer : « Mais Jae, elle ne me va pas. Regarde ! » Elle pointe sa poitrine du doigt afin qu’il constate l’écart entre sa poitrine et le corset de la robe. « C’est la Mer Rouge ! »

Certes, son compliment l’a beaucoup touchée, car elle sait qu’il n’est jamais comme ça, et c’est un peu la raison pour laquelle elle n’a pas tout de suite réagi. Et maintenant, il est trop tard. Néanmoins, elle a gardé la main de Jae bien serrée dans la sienne. Puis elle sourit et de sa main libre lui tire la joue gentiment. « Ce n’est pas grave, on trouvera une aussi jolie robe ailleurs et je suis sûre qu’elle coûtera moins cher. » Elle laisse échapper un petit gloussement contre sa volonté qu’elle trouve absolument ridicule et secoue la tête. Alors qu’elle va pour se détourner et aller retirer la robe en cabine, la vendeuse apparaît derrière Jae. « Mais vous savez, on peut vous la faire ajuster, » suggère-t-elle. Sans bouger de sa poisition, Syu se penche sur le côté pour l’observer et lui jette un regard noir. Ta gueule, vieille sorcière, ne ruine pas mon chéri. Ces vendeurs, ils feraient vraiment tout pour vendre, se dit-elle. Syu secoue la tête, légèrement insistante. « C’est très gentil mais ça ira. On… On va réfléchir. Pas vrai, Jae ? »

Non. Syu n'a pas compris. Quand tu veux quelque chose, tu l'obtiens. Cette robe, tu la veux, tu l'auras, quitte à mettre la vendeuse dans ton lit ce soir pour avoir une réduction avec les retouches. Ou lui faire croire. Aujourd'hui, ou du moins à ce moment précis, le simple fait d'imagine tromper Syu te paralyse et te blesse... Mais si Lin est capable de faire des choses comme ça pour récolter des sous afin que vous puissiez consommer vos drogues sans modération, pourquoi ne pourrais-tu pas faire ça pour la fille que tu crois vraiment aimer ? Croire, car dans ton état actuel, tu n'es capable d'assurer que le contenu de ton portefeuille. Mais cette robe : tu la veux. Il lui faut à tout prix.

Tu fais néanmoins la moue, réfléchissant à une alternative en voyant, à contre coeur, ta beauté retourner dans la cabine. Réfléchi Jimmy, réfléchi. Tu sembles jeter un regard plein de détresse et d'envie à la vendeuse qui, comme par magie, apparaît non loin de vous comme pour te souffler la réponse qui te va. Ton visage s'illumine et tu lèves les bras au ciel sans prendre en compte le regard assassin de Syu. EUREKA ! Tu as pensé tout haut avec ton sourire béat. Puis, tu vois la beauté insister, alors tu ravale ta salive, baisse les bras pour passer ta paume derrière ta tête d'un air gêné. Oui. Dis-tu hésitant, comme si tu venais d'être grondé. On va réfléchir. Tu sembles être déçu, comme si l'enfant - le grand enfant même - que tu es se voyait refuser un jouet que tu voulais tant.

Mains dans le dos, désormais, tu retourne porter ton attention au robes dans le rayon, comme repartant faire joue-joue avec un univers qui ne te correspond pas d'habitude. Penché sur les robes, tu regardes sans réelle attention les tissus, toujours à la poursuite d'une alternative. Tu sembles bien absorbé par tes pensées, si bien que la vendeuse te rejoint discrètement - ENFIN penses-tu - pour venir discuter avec toi. Des coques, ça lui suffirait ? Tu penses bien entendu aux coques en silicones que tu as pu voir pour remplir le bonnets sans dépenser masse d'argent pour acheter ça. Les retouches sont onéreuses ou pas ? Onéreuse. Un mot que tu n'emploies jamais, si bien que te voilà à pouffer de rire comme un imbécile heureux, devant les yeux surpris de la jeune femme. Dans tous les cas, vous la gardez. Je veux cette robe. Tu insistes sur le fait de vouloir. Le regard que tu lui jettes est presque menaçant, attendant patiemment sa réponse.


Echec :: Coques car retouches payantes, mais robe moins cher grace au kdo

La vendeuse semble réfléchir. Elle plisse les lèvres et fait un mouvement de la langue comme si elle faisait rouler quelque chose dessus. Malgré son petit pourboire, elle se tâte. Il faut quand même qu'elle gagne sa croute. « C'est 320 000 won, pour les retouches complètes. Les coques, c'est moins cher, forcément. » Le fou rire du jeune homme ne l'amuse pas. Elle hausse les épaules et fourre les mains dans ses poches, se détournant déjà de lui pour vaquer à ses occupations et le laisser réfléchir. C'est alors que ses doigts effleurent le petit paquet de poudre blanche. Elle s'interrompt dans ses mouvements et fait demi-tour sur ses talons. « Si vous prenez la robe, je vous offre les coques. Vous savez, pour... » Elle dit ça si sobrement qu'il semblerait qu'elle ne parle pas d'un secret interdit mais simplement d'un service qu'il lui a rendu et qu'il sait ce dont elle parle. Elle lui adresse un sourire en coin mais ses yeux ne sourient pas et seules ses lèvres s'étirent d'un côté. Puis, elle s'éloigne pour de bon.

Syu retire délicatement la robe. Elle n'a qu'une peur, l'abîmer et devoir la payer. Elle en sort du bout des pieds et la suspend de nouveau à son ceintre. Un long soupire s'échappe de ses lèvres. Elle aurait été d'avis de la prendre, cette robe, comme Jae, mais ils ne peuvent pas se le permettre. Ni elle ni lui, en tout cas, c'est ce qu'elle croit. Elle enfile soutien-gorge et se tortille dans son jean avant de passer la tête par le rideau de la cabine d'essayage. « Psst ! » Elle est aussi délicate qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. « Jae ! Viens ! » Si certains pourraient croire qu'elle lui parle comme à un chien, ils n'ont pas tout à fait tort, parfois, mais ce n'est pas pour lui adresser des reproches. Elle lui fait signe de la main de venir et, dès qu'il se trouve assez proche, le saisit par le poignet pour l'entraîner dans la cabine avec elle. Elle tient son T-shirt dans son autre main libre et s’en sert pour tapoter la poitrine de son petit ami.

Il lui faut souvent bien réfléchir à ses mots, avec Jae, car elle ne veut pas le blesser. Elle tire le rideau sur eux pour les cacher du regard inquisiteur de la vendeuse, leur créant ainsi un petit cocon d’intimité puis pose ses deux mains bien à plat sur son torse. « Merci de m’avoir permis de l’essayer. On va en trouver une exactement pareille mais un tout petit peu moins cher, d’accord ? » Elle esquisse un sourire et se tend sur la pointe des pieds pour déposer un doux baiser sur ses lèvres, rassurée par le peu d’intimité que procure la cabine. Lorsqu’elle rouvre les yeux et s’écarte, elle effleure le bout de son nez du sien. « Je sais que tu es déçu mais on en trouvera une autre. Et je… je suis désolée de t’avoir crié dessus tout à l’heure. Ça ira, okay ? » Et soudain, sans un mot de plus, elle enroule complètement ses bras autour de son cou et le serre très fort contre elle. Aussi fort que possible, car malgré sa taille plus que fine, elle n’a jamais eu peur de le briser. Au contraire, tout ce qu’elle veut, c’est le reconstruire.

Il faut savoir faire des sacrifices dans la vie, c'est l'idée qui te torture l'esprit le temps que tu parvienne à réfléchir. C'est sûr que tu as la somme qu'elle te demande, car c'est ton budget pour acheter la dope - ou du moins, une partie de l'argent. Avec Three, vous dealez et consommer, alors te faire un bon gros billet ça peut être assez rapide si tu te prives temporairement... Et puis ton pote te connait, il ne t'en voudra pas. Peut-être que tu mangeras des vannes pendant un ou deux mois, mais pour toi, ça en vaux la chandelle.

Ta main glisse dans la poche de ton pantalon et tu compte les billets que tu as. Forcément, il t'en manque une partie, alors tu t'abaisses pour retirer ta chaussure droite et soulever la semelle ou tu as planqué encore des billets. A vu d’œil, tu sembles avoir la somme requise, alors, tu regroupes la somme que tu plies avant de mettre le paquet dans la poche arrière de ton jean presque précipitamment en entendant Syu t'appeler. Tu manques de te casser la figure en remettant ta chaussure au pied et tu boites à moitié pour la rejoindre, obéissant à ses caprices. Te voilà rapidement dans la même cabine que ta petite amie, presque dénudée. Tu t'appliques à ne pas baisser les yeux sur sa poitrine, et continue de sourire tel Simplet, même si ce qu'elle te dit semble te contrarier. Tu plisse les lèvres, légèrement vexé par le fait qu'elle ne te laisses pas lui faire plaisir comme tu le souhaites, mais tout s'envole lorsqu'elle t'embrasse, oubliant presque la situation et le lieu. Tu pourrais te laisser avoir, te laisser berner par ces gestes d'attention, mais tu es bien trop capricieux pour laisser passer une occasion comme celle-ci. Tes lèvres restes plissées, te donnant l'air de l'enfant pourri gâté qui n'a pas eu satisfaction, et tu la laisses t'enlacer. Tu sais que la situation dans laquelle vous êtes est très provocante. Pas avec Syu. Syu est une lady avec qui tu dois te comporter comme un gentleman, alors tu ranges la main qui commençait à se balader sur le bas de son dos pendant étreinte ou tu avais pris une grande inspiration pour humer le parfum au creux de son cou.

Et tu t'écartes, attrapant son t-shirt de la manière la plus suspecte qui soit lorsque vous avez rétabli la distance de sécurité que tu instaures habituellement. Tu lèves ta main libre pour saisir sa joue doucement avant de lui déposer un baiser sur le front. Remet cette robe. Un murmure lui ordonnant gentiment de se rhabiller de la plus belle manière qui soit. Même ta mère n'avait pas été aussi belle à son mariage... Encore aurait-il fallut qu'ils se marient avec ton père. Tu te veux rassurant, mais bien vite, tu te glisses hors de la cabine avec le t-shirt de ta douce sous le bras, tirant la liasse de billets de ta poche, direction la vendeuse qui remarque aussitôt ton changement d'attitude. Elle te rejoint à mi-chemin, prend l'argent qu'elle glisse dans la poche de sa blouse de couturière avant de te dépasser pour rejoindre Syu dans la cabine.

Un deal sans un mot, comme tu l'avais toujours fait. Un aspect que tu sortais rarement en présence de ta beauté.

Si Jae semble l’idéaliser, Syu n’est pas la petite princesse qu’il aime à penser. Lorsqu’elle sent la main de celui-ci s’immiscer dans le bas de son dos, elle frissonne légèrement mais ne l’empêche pas de se retirer. Depuis quand est-il devenu si chaste avec elle ? Si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle le soupçonnerait de la tromper et de ne plus avoir envie d’elle, par conséquent. Mais elle ne le connait que trop bien et ce qui lui murmure à l’oreille ne fait que confirmer ses soupçons. Elle fronce les sourcils mais le laisse partir à sa guise. Ce n’est que quand elle se rend compte qu’il a embarqué son T-shirt qu’elle panique. Non, non, non, non, non. Elle couvre sa poitrine de ses bras et lâche un gémissement de désespoir. Il est terrible. Il ne lâche jamais l’affaire. « Il m’énerve, » marmonne-t-elle, plus à elle-même que qui que ce soit d’autre. Elle remet la robe à la hâte, plus pour sortir dans le but de récupérer son T-shirt que pour lui faire plaisir. Elle sait qu’il est plein de bonnes intentions mais il ne peut pas se le permettre et elle se dit qu’elle n’est pas assez importante pour qu’il lui offre une telle robe. Mais en y repensant, son murmure à son oreille lui a donné des frissons. Elle oscille lentement sur ses pieds pendant quelques instants avant de se mettre en tête d’ajuster la robe sur son corps de planche à pain. Son reflet dans le miroir ne la satisfait pas.

« Ecoute, Jae, je— AAAAAH ! » Elle se met à hurler en voyant la vendeuse soudainement dans sa cabine et manque de se casser la figure en se prenant les pieds dans son sac. Elle se plaque au miroir en l’observe avec de grands yeux. La vendeuse n’a pas l’air perturbée et la regarde presque méchamment, comme si elle l’avait insultée en criant. « P-Pardon, je ne vous ai pas vue entrer… Que… Qu’est-ce que… Vous avez besoin de quelque chose ? » Elle bégaye et préfèrerait appeler Jae pour qu’il s’occuper de parler. La vendeuse tient deux coques dans ses mains et s’approche plus près de Syu, qui recule encore. « Je vais vérifier la taille des coques pour faire les retouches. » Elle a parlé d’une voix simple, presque sans ton particulier, tout en fourrant ses mains dans le décolleté de Syu. Cette dernière lâche un petit gémissement et tente de s’échapper tandis que Jae doit être plié de rire en l’attendant. Tandis que la vendeuse s’occupe de rembourrer ses seins avec du gel, elle ne peut empêcher son tic de revenir, fermant et ouvrant les poings nerveusement. « Oh, oh, oh, je préfèrerais que…. Iiiiiih… Jae, I’m getting fondled by a saleswoman, help me… » L’habitude. Elle lui parle en anglais quand elle ne souhaite pas que les gens autour d’eux les comprennent. C’est leur petite tradition. En soit, cette tradition la réconforte. Comme si cela signifiait qu’ils avaient leur petit monde rien qu’à eux, comme ces couples dans les films ou les livres, ceux qui durent pour toujours.

Malgré tout, elle prend son mal en patience et attend que la vendeuse termine son travail. Syu ne sait pas trop ce qu’elle est en train de lui faire mais tant que cela fait plaisir à Jae, que peut-elle y faire ? Tendant le bras vers le rideau, elle le tire et lui jette un regard furieux mais également hilarant. Dès qu’elle ne sent plus les mains de la vendeuse sur sa poitrine, elle s’échappe de la cabine et accourt vers Jae, se cachant presque derrière lui quand elle lui attrape les épaules et le fait tourner en même temps qu’elle pour lui faire face. « Okay, okay. Elle a fini. Qu’est-ce que tu en penses ? Ça va, comme ça, non ? Regarde, j’ai une jolie poitrine… » Elle lui sourit et écarte les cheveux de son visage. Elle se sent un peu paniquée par ce qui est en train de se passer. « Jae… Tu peux pas m’acheter cette robe. C’est une robe de mariée… Ou au moins de demoiselle d’honneur. Même si j’aimerais bien que ça arrive, hum, c’est pas le cas. Comment tu vas la payer ? Je peux pas te donner assez d’argent… » Syu prend soudain une grande inspiration quand elle se rend compte qu’elle n’avait pas respiré depuis un moment, depuis qu’elle a commencé à paniquer. Elle a toujours été la bavarde du couple quand Jae savait s’exprimer autrement. « Okay… » souffle-t-elle avant de presser son front sur son épaule pour se calmer.

Des cris de désespoir, et toi tu patientes comme un homme d'affaire satisfait. Tu as l'impression d'être un monstre un court instant, et puis tu te souviens que c'est pour la bonne cause. Bras croisés, tu t'imagines déjà à la soirée, en train d'essayer de danser comme un homme de bonne famille que tu n'es pas. Avec un peu de chance, 'Smiley' pourra te prêter un costume assez classique pour avoir la classe à ses côtés... Parce que, sortir avec tes jeans troués, ça va un moment, mais ce n'est pas adapté au monde auquel tu essais de t'incruster.

Les pensées qui divergent, tu fais même abstraction des cris de Syu. C'est pour la bonne cause, tu répète, acquiesce et dans un léger sourire, qui n’apparaît que trop rarement, te voilà comme un imbécile heureux. Encore aurait-il fallut que tu ne soit pas imbibé d'alcool et pas non plus - probablement - sous l'effet restant des drogues que tu as consommé la veille. Ou peut-être que l'amour, ce que tu crois, ce que tu soupçonnes, peut-être que c'est ça ta nouvelle drogue.

Et te voilà tiré de tes songes malgré toi, lorsque Syu viens se réfugier derrière toi pour échapper à ta complice. Tu ne prends pas la peine de jeter un œil à la vendeuse, pivotant pour faire face à ta douce par ses mouvements légèrement brusque. L'idée de baisser les yeux pour regarder sa poitrine ne t'effleure même pas l'esprit, si bien que tu sembles surpris lorsqu'elle te dit de regarder. Ah ! Oui. Oui c'est bien. Quel idiot, tu étais là à rêvasser et tu avais déjà oublier la principale raison qui vous faisait rester ici. Tu craques un peu en voyant la jeune fille replacer sa mèche de cheveux, puis tu grimaces en l'entendant se plaindre de l'argent. Syu, alias l’ascenseur émotionnel. Tu hausses les épaules d'un air désinvolte.

Le mensonge te paraît presque inné, si bien que lorsque tu t'apprêtes à le dire, voilà qu'elle cède. ascenseur numéro 2. Tu retiens ton soupire de désespoir, puis tu te veux réconfortant. C'est une location, si tu l'abîmes pas on paye rien. Voilà. Tu as sorti ton mensonge, encore une fois tu mens, car tu n'es bon qu'à ça. Au fond, tu sais que tu vas culpabiliser, mais tu veux qu'elle parte l'esprit léger. Je me suis arrangé avec la vendeuse. Je la rendrais après la fête. Tu prends la pelle, et tu t'enfonces comme toujours, plus profond. Pour te consoler, tu te permets de déposer un baiser sur son front avant de la pousser délicatement vers sa cabine, pressant la paume de tes mains contre ses épaules après lui avoir rendu son t-shirt. C'est régler, que tu crois. Tu vas la voir, porter cette robe. Alors, tandis qu'elle s'éloigne de toi, tu sens les regrets prendre d'assaut ton cœur. Cette relation n'est ni saine pour toi, ni saine pour elle et pourtant, vous êtes comme cul et chemise. Alors qu'elle tire le rideau pour se changer, l'envie de fuir te prends les tripes. tu veux t'en aller, parce que ce trop plein de responsabilité te fou une boule au ventre soudainement... Tes pas incertains te guident vers la sortie, tu franchis l'entrée de la boutique sans un regard en arrière. Et tu t'arrêtes après avoir fait deux mètres dans la galerie. Pourquoi tu partirais ? N'as tu pas le droit d'essayer de la rendre heureuse ? Même si c'est mal, tu l'as vu cette lueur dans ses yeux, alors pourquoi culpabiliser. Nerveusement, tu mords ta lèvre et tu restes immobile devant l'enseigne, patientant que Syu finisse de se changer et que la vendeuse prépare son sac avec la robe et les coques.

Tu l'entends sortir de la boutique et tu soupires. Ce soir, il va te falloir plus qu'un joint pour avoir l'esprit léger, mais pour l'instant, tu dois profiter de cet instant avec elle. On ne sait jamais, ça peut toujours être le dernier.